La Mythologie et l’histoire du pays basque: Aux Racines du Sacré. Nichée entre les montagnes des Pyrénées et l’océan Atlantique, la terre basque, ou Euskal Herria, recèle l’un des fonds mythologiques les plus anciens et singuliers d’Europe. Bien avant l’arrivée du christianisme, les Basques vénéraient une série de divinités mystérieuses, souvent liées à la nature, aux éléments, et à un monde souterrain peuplé d’êtres surnaturels. À travers ses dieux et ses mythes, sa protohistoire et ses lieux sacrés, la mythologie basque révèle un pan fascinant d’un peuple qui a su conserver ses racines bien ancrées dans l’archaïsme. Découvrez notre article sur l’histoire du bombardement de Gernika au pays basque. Vous souhaitez découvrir l’histoire de la Vasconie, le pays basque au moyen-age.
Aux origines : la protohistoire basque
La protohistoire du Pays basque, période qui s’étend entre la fin de la Préhistoire et l’arrivée de l’écriture, est marquée par une culture propre, différenciée de celles de ses voisins celtes ou ibères. Les Basques, descendants directs des populations préhistoriques ayant peuplé ces montagnes depuis le Paléolithique, ont développé un imaginaire profondément enraciné dans la terre et les éléments naturels. Des peintures rupestres dans les grottes d’Isturitz ou de Sare témoignent de pratiques rituelles anciennes et peut-être déjà mythologiques. Découvrez l’article sur l’histoire du duché de Vasconie au moyen-age.
Les grottes, en particulier, jouent un rôle central dans la spiritualité basque. Elles sont perçues comme des passages vers l’inframonde, le lieu où résident les esprits et les forces invisibles. C’est dans ces lieux obscurs et sacrés que s’ancrent bon nombre de légendes liées aux figures divines de la mythologie basque. Si dessous en image, l’herensuge epoux de la déesse Mari; le dragon à 7 tétes , découvrez un article trés intéréssent sur Herensuge en cliquant ici .

Mari, la déesse mère du Pays basque

Au cœur du panthéon basque se trouve Mari, figure primordiale et souveraine. Déesse de la nature, des orages, de la fertilité et de la justice, elle incarne l’âme du peuple basque. Elle est représentée comme une femme d’une grande beauté, parfois ailée, parfois coiffée d’or.
Mari réside dans des grottes sacrées situées au sommet de montagnes emblématiques comme le mont Anboto, Txindoki, Aketegi ou la grotte d’Ezpelarré. Selon les régions, son nom change : elle est aussi appelée Maya, Mire, ou Andre Mari. Elle n’est pas simplement une divinité éloignée, mais une force omniprésente qui veille, punit ou récompense selon le comportement des humains. Elle exige l’équilibre, la vérité et la justice. Mentir ou voler sont des actes qui provoquent sa colère.
Sugaar, le dieu-Dragon et compagnon de Mari
Sugaar, aussi appelé Sugoi ou Maju, est l’amant céleste de Mari. Il prend souvent la forme d’un serpent ou d’un dragon de feu. Il symbolise la masculinité divine, la fertilité et le pouvoir cosmique. Dans certaines légendes, Mari et Sugaar se rejoignent lors de violents orages, ces unions célestes provoquant des éclairs dans le ciel basque.
Sugaar est souvent associé à des rituels anciens, probablement chamaniques, liés à la fécondité de la terre et au cycle des saisons. Il réside dans des grottes comme celle d’Atxular à Zugarramurdi, un haut lieu des légendes de sorcellerie. Il incarne également le chaos dompté, la force naturelle que l’ordre féminin de Mari vient canaliser.
Herensuge, le dragon ancestral
Parfois confondu avec Sugaar, Herensuge est un dragon à plusieurs têtes, créature chaotique des anciens contes basques. Il symbolise le désordre, la peur primordiale, les forces à affronter et à dompter. Dans certains récits, il est vaincu par des héros ou des saints, comme dans les versions christianisées où saint Michel terrasse le dragon.
Mais dans la mythologie originelle, Herensuge n’est pas toujours vu comme maléfique. Il peut représenter une force cyclique, un gardien de passages sacrés ou de trésors spirituels, un intermédiaire entre les mondes. Les récits liés à Herensuge reflètent l’ambivalence de la mythologie basque, où bien et mal ne sont pas toujours distincts, et où les forces primordiales coexistent dans un équilibre fragile.

Les lieux sacrés : grottes, montagnes et villages mythiques
La mythologie basque est indissociable du paysage. Chaque montagne, chaque grotte, chaque vallée possède sa propre légende. Des lieux comme Zugarramurdi, Urbasa, Itxina, la grotte de Sare, ou encore le mont Aralar, sont autant de sites où le surnaturel affleure.
À Zugarramurdi, les sorcières (sorginak) dansaient autour des feux sous la pleine lune. Ces femmes, parfois prêtresses de Mari, étaient en lien avec la nature et la médecine. La répression de l’Inquisition a transformé ces rites anciens en accusations de sorcellerie, mais les mythes ont survécu.
Les villages perchés, comme Amaiur, Otxandio, ou Les Aldudes, conservent des traditions orales évoquant des laminak (petites créatures souterraines), des jentilak (géants païens bâtisseurs de dolmens), et d’autres entités mystérieuses. Le dolmen de la Helette, les cromlechs d’Okabe ou les pierres levées de Ziburu témoignent encore aujourd’hui de ce lien ancestral entre les Basques et les puissances de la terre.